mardi 13 novembre 2018

Comment analyser une œuvre d'art ?


ÊTRE CAPABLE DE VOIR ET DE COMPRENDRE UNE ŒUVRE À PARTIR DE SA REPRODUCTION

Premier constat
Ce que je vois (et qui saute aux yeux): Qu’est-ce que j’ai sous les yeux ?
Une image sur papier ou projetée. L'ai-je déjà vue ? En reproduction ou de visu ? En ai-je vu une reproduction en noir et blanc et/ou en couleurs ? Celle-ci me paraît-elle fidèle à l'original ? 
Quelle est la nature de cette œuvre ? Peinture – Sculpture – Assemblage – Installation – Dessin – Collage – Photographie ... œuvre composite ? 
Est-elle présentée en totalité ou partiellement ? Dans quel environnement ? Comporte-t-elle un cadre ? 
Quelles indications sont fournies ?(Légende) : Son format, le nom de son auteur, son titre, sa datation, la technique ou le procédé utilisés...

Inventaire raisonné
Ce que je perçois: Comment est-ce fait ? Pourquoi ? Qu’est-ce que j’en comprends ?
Est-ce une ébauche, une esquisse, une maquette, une
œuvre achevée ? Sa matière (et les matériaux qui la constituent) sont-ils apparents ? Quels sont ses composants plastiques ?
S'agit-il d'une composition, d'une organisation d’éléments homogènes ou non, d'une
œuvre aléatoire, d'une œuvre éphémère...
S'il s'agit d'une peinture ou d’un
dessin : Quel est son degré d'iconicité (l'œuvre "fait-elle" ou non image.) Quels en sont les rythmes principaux, quel est le rapport Fond/Forme en quantité et en qualité ? Perçoit-on les effets de transparence, de fluidité, d'épaisseur, de recouvrement, d'opacité, d'effacement…
Quels sont les choix chromatiques, la dominante, le registre de valeurs, la lumière (éclairage ou lumière suggérée), l'organisation de I'espace, les bordures, le traitement proprement dit (touche, aplats, modelé, modulations), la gestualité apparente ou non, le dessin (cernes ou contours, ou absence de graphisme) ?
S'il s'agit d'une
œuvre tridimensionnelle (sculpture, installation) : La photographie se présente-t-elle sur un fond neutre ou non ? Rapport des vides et des pleins, texture... Y a-t-il un socle ? L'oeuvre est-elle montrée dans un espace spécifique, in situ, intégrée à un monument, dans son contexte muséal…? A-t-elle une fonction ?

Le titre de l'oeuvre et la relation Titre/Sujet.
Les effets produits sur le spectateur. Comment sont-ils obtenus ?

Mise en perspective
Ce que je sais : Connaissances culturelles et hypothèses. Recherches…
Dans quelle période historique s'inscrit l'œuvre ? Dans quel courant ou mouvement artistique ? Dans quelle période de l'
œuvre peint, sculpté, gravé… de I'artiste ? A quoi renvoie-t-elle ? Les sources d’inspiration, Ies prolongements et l’influence sur l’époque et les artistes suivants... 

ÊTRE CAPABLE DE TÉMOIGNER, PAR UN ÉCRIT STRUCTURÉ, D’UN REGARD SENSIBLE ET INFORMÉ



Premier constat (ce que je vois)
Une reproduction d’une peinture, et non pas la peinture elle-même. La taille de l’image est réduite par rapport à l’originale. La taille des personnages est démesurée par rapport aux spectateurs (presque 2m30 !) Est-ce que j’ai déjà vu cette peinture ? Où ? En couleurs ou en noir & blanc ? Qu’est-ce qu’elle provoque chez moi ? J’aime/j’aime pas et pourquoi ? Qu’est-ce qui me dérange ou me séduit ? (formes, couleurs, sujet…).

Inventaire raisonné (ce que je perçois)
Sur une scène, devant un rideau de théâtre, cinq femmes, partiellement nues, occupent la totalité du tableau. Au premier plan et au milieu, il y a une coupe de fruits.
Les FORMES des personnages N'IMITENT PAS LA RÉALITÉ.
Les figures sont FRAGMENTÉES EN SURFACES GÉOMÉTRIQUES, sans respect des proportions du corps ni symétrie. Certaines parties sont agrandies, comme les yeux, trop grands, non alignés.
La composition, qui suit une oblique transversale, semble faire écho aux formes découpées, presque tranchantes, des personnages et du décor.
Les couleurs sont aussi ANTI NATURALISTES, elles sont traitées en aplats ou en modulations qui laissent apparaître la trace de la brosse.
Tout est fait pour nous tenir à distance. La peinture n’est plus une illusion.

Mise en perspective (ce que je sais)
L’éclatement géométrique des figures apparaît au spectateur comme une violence infligée au corps humain. C’est l’explication principale du scandale provoqué par ce tableau.
Picasso instaure une rupture avec la tradition de l’imitation de la nature, héritée de l’Antiquité grecque.
Le philosophe Aristote, au Vème siècle avant Jésus-Christ, avait énoncé l’idée que « l’Art doit imiter la nature », et ce modèle a perduré plus de 2000 ans en Occident.
Picasso abandonne ce modèle pour s’inspirer d’une autre tradition, celle de l’ART AFRICAIN et des Arts premiers.
Suite à une visite au Musée de l’Homme, où il découvre des masques africains, Inuits ou océaniens, le jeune Picasso décide de créer de nouvelles formes, dérivées des masques produits par des peuples dits « primitifs ».
Par exemple, lorsque les masques africains montrent des yeux disproportionnés, ils cherchent à traduire un pouvoir magique. Picasso retient l’idée d’un ART QUI EST HABITÉ PAR DES FORCES, DES ÉNERGIES.
Il ne cherche pas à imiter les yeux de quelqu’un, comme le reflet d’un miroir, il veut montrer la force du regard.
Cette œuvre a donné naissance à un mouvement artistique : le CUBISME, et elle symbolise, encore aujourd’hui, l’élan de liberté véhiculé par l’Art moderne, et notamment par les avant-gardes artistiques du début du XXème siècle.

Droits : © textes empruntés au blog de M.Chauvreau, collège Les Arcs.

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